Rédigé par: Meriem Bekkali
… Ainsi, tu as invoqué « Itto », cette « fille d’Africa » pour qu’elle sorte de son mutisme, libère son chant prisonnier de la honte pour que cette terre enfin revive, mais sa retrouvaille t’as donné des frissons. Voyons comment tu as affronté la douleur, franchit les seuils de la liberté et libéré les sources de la vie.
Poète au seuil de l’infini !
Je vais raconter ton histoire.
Après avoir attaché Tanit au pied d’un grand arbre, la liberté est allée trouver des ailes, se frayer un chemin au milieu des souvenirs et essayer de vaincre l’amertume, la peur et le découragement qui viennent s’interposer entre deux grandes rencontres. On ne résume jamais un passé douloureux sans remords, on ne force jamais la joie sans verser quelques larmes. Tu as donc imploré, Poète, pour ton soutien, les forces de la souvenance, qui abritent et libèrent le chant comme le cèdre et le vent. Ainsi, au seuil de la mère ; de la terre, de la femme et de la lumière, naquirent le chant et l’errance. Mais devise du poète : rien de plus important, pour nourrir le songe que la rupture, que la douleur pour toujours renouer avec le chant, avec la vraie vie. Dans les yeux de « Itto » ; dans ses yeux couleur de mer, couleur de songe et de larmes dans l’amertume du souvenir, « entre mer et désert », tu puisais à la source pour redéfinir les lieux et replacer les événements où ils doivent être. À travers un transfert dans la lumière enfouie et endormie, tu mémorisais les endroits qui méritent d’être nommés, lieux de la grandeur qui, comme le plus grand cèdre, permettent de vivre une osmose avec les forces de l’univers, facilitent l’accès à la vérité de ton identité : « rêve ou pensée », quand ELLE envahira l’univers, resurgira de l’oubli, honorera son trône de luminosité.
Pour Elle, tu te fais rare, tu te fais discret, tu te contentes de nommer et de te lier au réel par le vécu instantané du voyage quand tu es déjà « dans l’autre histoire soustrait à l’espoir de naître de mots gratuits d’un joli rêve ». Tu te fais signe, tu te fais rêve pour ELLE, pour qu’elle devienne Identité, pour que tu la nommes Amazighité. Je te vois perdu et essoufflé dans l’errance, ta muse exténuée s’effondre et tombe mais tu t’accroches, tu vas frapper à la porte du paysan, tu te ressources de légendes et de contes, tu te rappelles du « bouquet de mots » qui tient au chaud le souvenir du révolu. Tu médites sur beaucoup de « réalités », tu te poses beaucoup de questions mais enfin, il s’avère que tu préfères te confronter avec la mort : ta destinée et affronter la triste réalité de ta fragilité. Tu vas ainsi à l’assaut du corps, de l’identité en piétinant tout même « cet enfant qui pleure » en toi. Tu as soif de vérité, de courage, d’amour. Tu inities les enfants, les parents, tout le monde, à la libération, à la vie, à l’amour, à la révolution, à la résurrection d’un homme du commencement grâce « à l’alchimie du rêve ». Nu, tu est devenu, toi qui te nourrit et te nourrira toujours de liberté et d’amour. Au nom de Dieu, au nom de toutes les mélodies, tu implores, tu supplies pour qu’on ne vende aucun chant d’aucun chanteur, d’aucun oiseau, d’aucun amour. D’ici, de là où je suis rêve, je te salue.